inside (cave)

Ca serpente dans le cœur, papillonne dans les trippes - animosité moribonde qui vacille dans les pupilles. La rancœur furibonde toute entière enserrant l'âme du scorpion aux dents grinçantes quand elle songe aux errements du passé, paternel dévoyé, peu fier de sa progéniture, pas assez çi, pas assez ça, reproches assénés en rythme ensorcelé. Elle se remémore en analepses ces regards plein de pitié, annihilation de toute fierté, petite fille égarée entre les crocs acérés d'un demi dieu tyrannique au pouvoir oppressif. Car il passa beaucoup de temps, d'heures et de mois, d'années toutes entières, à la jauger entre ses doigts despotiques, arbitraire de l'âme draconienne, alors qu'elle n'aspirait qu'à être aimée... Soupir, non, il ne faut pas mentir.
Pygmalion de sa poupée de son, le paternel créa lui-même la parricide. Les mains enserrées autour de son cou de vieillard délabré -- elle y repense avec nostalgie et fierté, sent encore lorsqu'elle bouge délicatement les phalanges le pouls de son père s'étreignant sous sa force murie des années durant, la rage accumulée au fond du cœur qui se fait doucement volcan.
Et la lave qui envahit le lit. Brûlant, vibrant, au cadavre avilissant.

A chaque fois que la reine de pique foule de ses pieds le sol brumeux du Viper's, c'est cette fierté enviable qui l'étreint au fond des trippes. Souvenir doucereux insinué dans l'âme comme un tatouage éternité.
Et puis, ses yeux rencontrent la silhouette inconvenante de Cave. La lave bouillonne, flamme volcanique aux yeux homicides. Il est de ces êtres fantomatiques dont on craint la survenue à la nuit tombée, de ces visions que l'on regrette de cotoyer. Skads, rappel incessant de la parole divine du pater, Skads, bis raepetita de la Cosa Bianchi, Skads, mémoire de cette maison qui n'est pas que sienne, comme s'il tenait entre ses prunelles la vérité de ce qu'elle doit.
Et elle hait ça, Vesper.
Les obligations qui se confondent à la raison, quant elle ne veut qu'oublier, dominer, sculptural cul posé sur son trône orgiaque, sans craindre les contestations d'ennemis au sein même de sa maison.
Elle se sent héroïne grecque piégée par un serpent dans le creux de son lit, caché entre les draps, souillant son intimité de la pire des manières. Foulant de ses pieds insalubres les dorures de son empire. Respirant son air. Existant. Tant de torts qu'elle lui octroie, dans sa grande bonté, à cet homme éphémère. Car il disparaîtra - cela ne fait nul doute. Elle aura sa peau. Dusse-t-elle y laisser tout repos.

Elle semble s'ébrouer, comme sortie d'un mauvais rêve, cauchemar au spectre indolent, quand ses pieds la mènent droit vers cet adversaire nuisible. " tu es en retard " Tant mieux, semblent dire ses yeux. Le silence est lourd, explosif, empli de maux qui ne se disent pas. " je ne sais comment ça fonctionne à la cosa, mais je te rappelle qu'ici, on est ponctuel.le.s. " Elle a le regard tyrannique et la voix ferme d'une mater irritée. Elle doit pourtant l'avouer - elle aurait pu lui reprocher de respirer.
Avec lui, elle redevient enfant, celle à qui l'on a toujours dit qu'elle ne valait rien, celle que l'on a brisée, broyée sur l'autel des désirs imparfaits.

Méfie toi, Cave.
Ne lui impose pas trop les tiens,
Vesper a l'expérience d'entraîner les Hommes six pieds sous terre.